En 1947, de retour des Etats-Unis où elle a rencontré l’amour en la personne du romancier Nelson Algren, Simone de Beauvoir se lance dans une ardente correspondance avec son « mari » américain, terme qui peut paraître surprenant dans la bouche d’une femme farouchement opposée au mariage…. Elle raconte le Paris de l’après-guerre, fait revivre à sa manière les cafés, la politique, la littérature, les fêtes, le travail… et le bonheur d’aimer. Cette passion, que même l’Atlantique ne parvient pas à tempérer, finira par se déchirer cruellement sur le pacte avec Sartre.  

"Féministe, intellectuelle hautaine, froide, égoïste, voilà ce qu'on disait d'elle et ce qui transparaissait de mes lectures. Alors, lorsque je me suis mise à ma table et que je me suis demandé ce que je voulais raconter d'elle, j'ai pensé à son intimité, à sa façon de voir, de vivre l'amour, de se donner, tout ce qui transpire de sa correspondance avec Algren.

Ce travail est venu de l'intérieur, d'un désir qui m'est propre et je voulais aller au bout de ça. Seule. Je n'aurais pas aimé qu'il y ait quelqu'un d'autre, un regard extérieur. Yannick Nédélec n'est arrivé que tardivement dans l'aventure, pour jouer Algren. Le spectacle devait être bien loin d'une seule lecture. Je me suis interrogée sur la façon de dire ces lettres, de faire ressentir cette présence très forte alors que les corps sont absents... J'ai alors pris le parti d'une conversation imaginaire entre elle et Algren, impliquant des vraies scènes de vie à deux."

(Laure Mandraud, metteur en scène)